Son mode de vie

Comme tous les reptiles, la tortue est un ectotherme (organisme dont la température corporelle est la même que celle du milieu extérieur et n’est donc pas produite par l’organisme lui-même).

Elle dépend de la température extérieure contrairement aux endothermes (mammifères, oiseaux) qui maintiennent leur température interne constante. Elle se réchauffe grâce à la chaleur du soleil, on dit qu’elle thermorégule.


Lorsqu’elle atteint une température comprise entre 25 et 30°C, elle peut assurer pleinement ses activités (alimentation, recherche de partenaires, reproduction...).

Au delà de ces températures, elle cherche des endroits pour se mettre à l’ombre, au pied des buissons par exemple.

La thermorégulation est une activité importante qui dépend de la qualité de l’habitat.

La Tortue d’Hermann est active pendant 8 à 9 mois (mi-mars jusqu’à mi-novembre), avec des pics d’activité en mai-juin et septembre-octobre.

Il s’agit d’une espèce diurne, son activité journalière est continue de mars à mi-juin et de septembre jusqu’à l’hibernation.

L’hibernation s’étend de mi-novembre à mi-mars. Durant cette période, elle s’enterre dans le sol, au pied d’un rocher, d’un buisson ou dans une zone boisée en laissant souvent affleurer le sommet de sa carapace, ce qui rend les individus vulnérables aux travaux mécanisés (gyrobroyage...). 



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Une année de tortue (SOPTOM, 2012)

La maturité sexuelle de la tortue des Maures est tardive (vers l’âge de 12 ans). La femelle dispose d’un organe (spermathèque) conservant pendant plusieurs années des spermatozoïdes de ses accouplements précédents. Ses œufs peuvent ainsi être fécondés alors même qu’elle n’a pas rencontré de mâles depuis plusieurs années.



La durée d’incubation des œufs est en moyenne de 97 jours et les éclosions sont liées aux premières pluies de fin d’été. Elles ont généralement lieu pendant la première quinzaine du mois de septembre.

 

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La mortalité de l’espèce est importante au stade de l’œuf et juvénile. En revanche, les sub-adultes et adultes sont caractérisés par une forte survie annuelle et, en conditions normales, bénéficient d’une longévité exceptionnelle (jusqu’à 60 ans en milieu naturel).

L’animal est assez sédentaire et très fidèle à son lieu de vie.

Les déplacements s’effectuent au sein d’un domaine vital relativement réduit d’un à plusieurs hectares.




Les individus juvéniles restent cantonnés près de leur lieu de naissance au moins pendant les premières années de vie. Les stades immatures peuvent effectuer des déplacements plus importants.

 En cas de perturbation de leur habitat (incendie, dégradation consécutive à l’action humaine), les individus ayant quitté leur domaine vital cherchent à y retourner. Le même phénomène est constaté pour des animaux déplacés intentionnellement. Il s’agit d’un comportement nommé « Homing » (retour des tortues à leur lieu de naissance).

La Tortue d’Hermann est principalement herbivore.

Ses choix alimentaires se dirigent vers les plantes annuelles ou vivaces de la strate herbacée : famille des Fabacées (Légumineuses) et Astéracées (Composées) notamment.


Elle peut consommer à l’occasion des fruits, des invertébrés (escargots, cloportes, coléoptères, vers de terre) ainsi que des restes de cadavres ou des excréments de mammifères.

Ses besoins en eau sont en partie couverts par l’alimentation cependant en période estivale, elle est souvent à la recherche d’endroits humides ou d’un point d’eau.

La prédation s’exerce essentiellement sur les pontes et les jeunes tortues, même si des adultes peuvent en être victime.

L’évolution des habitats depuis plus d’un demi-siècle a engendré une forte reprise de la forêt ayant pour conséquence une concentration des pontes sur de petites superficies.



Le phénomène naturel de prédation sur les pontes s’est donc amplifié, l’action des prédateurs comme la fouine, le renard ou le blaireau habitués à cette consommation a pris de l’ampleur localement.

L’augmentation spectaculaire des populations de sangliers depuis une 30aine d’années a accru la prédation sur les œufs et les jeunes.

 

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Les chiens constituent aussi une forte menace pour les jeunes mais aussi les adultes (environ 30% des soins vétérinaires prodigués aux tortues sauvages concernent des blessures occasionnées par des chiens). A proximité des villages et des lotissements, une forte proportion des individus présente des blessures occasionnées par les chiens : pattes sectionnées, carapaces rongées.

 

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